« ADOPTE PAR LA NATION » SUR 2 GENERATIONS
Mon arrière-grand-père paternel (branche maternelle) PERSILLET Émile Léonard marié à CHASLES Eloise Augustine Ernestine meurt de maladie le 28 octobre 1918 à l’hôpital de Salonique (appelée aussi Thessalonique), ville portuaire grecque dans le golfe Thermaïque, sur la mer Égée, alors qu’il est soldat de 2ème classe au 18e escadron du train des équipages militaires (18e ETEM). Il recevra la mention « Mort pour la France ».
Il laisse derrière lui deux filles : Palmyre et Andrée, sa femme Eloïse est alors âgée de 37 ans.
Mais intéressons-nous plus particulièrement à sa fille PERSILLET Palmyre Argentine Augustine, ma grand-mère paternelle.
Palmyre nait le 22 mars 1905 à Cahagnolles, commune située dans le Calvados.
Par suite du décès de son père Emile, Palmyre est « Adoptée par la Nation » selon le jugement du tribunal civil de Bayeux en date du 15/05/1919.
L’adoption par la Nation est consécutive au fait que son père a été tué en tant que soldat lors de la guerre 14/18. Cela n’impliqua pas que Palmyre fut placée dans un orphelinat. Elle resta dans sa famille avec sa sœur et sa demi-sœur (issue d’un second mariage)
Sa mère Héloïse se remarie avec Pierre BRIEN.
Ma grand-mère Palmyre se marie à Cahagnolles le 9 février 1924 avec mon grand-père HOMMET René Edmond Louis né le 17 mai 1900 à Tournay sur Odon dans le Calvados (né DETE et légitimé lors du mariage de ses parents en 1903).
Mes grands-parents paternels auront 7 enfants dont 6 atteindront l’âge adulte : Renée née en 1925, Pierre en 1926, Denise en 1930 (et toujours vivante), André en 1934 (mon père), Gérard en 1938 et Daniel en 1939.
René est ouvrier agricole, il loue sa force de travail à la journée ou plus auprès de fermiers propriétaires puis exercera le métier de jardinier ; il vit séparé de sa femme au moment de la deuxième guerre mondiale en 1944. Palmyre est servante de ferme et assure la charge des enfants.
Le drame survient le 15 juin 1944, Palmyre est fauchée par les bombardements alliés au lieudit « La Rivière » sur la commune de Beauquay localisée dans le Calvados. Elle sera mentionnée « Mort pour la France » en tant que victime civile. Elle repose au cimetière de Cahagnolles, concession à perpétuité.
Elle laisse derrière elle ses enfants.
Ils seront placés dès 1944 du moins pour 3 de ses enfants dans une œuvre de la Croix-Rouge, puis à l’orphelinat « Sainte-Thérèse » (*) aujourd’hui disparu et enfin à l’âge de 14 ans à l’Institut LEMONNIER de Caen. Leur père, bien que n’ayant pas subvenu à leurs besoins, est demeuré tuteur légal de ses enfants.
(*) Petite histoire de Sainte-Thérèse : (Histoire – AIFST)
Ceux-ci obtiendront le statut « Adopté par la Nation » par jugement du Tribunal de Mamers le 10/10/1947 du fait du désintérêt de mon grand-père qui n’avait par ailleurs pas la capacité financière pour élever ses enfants.
J’ai donc consulté, aux Archives Départementales de Caen, le dossier familial de mon grand-père HOMMET René (dossiers individuels (2510 à 2512)) établi par l’Office Départemental des Pupilles de la Nation (loi du 27 juillet 1917).
Le dossier indiquait 3 enfants vivants (concernés : André, Gérard et Daniel).
Dans ce dossier, j’ai trouvé beaucoup de documents administratifs, des échanges de courriers entre le département du Calvados et le département de la Sarthe, les courriers échangés entre l’administration et mon grand-père, le relevé de notes d’un de mes oncles, les montants des pensions perçues jusqu’à la majorité des enfants, différentes adresses de lieux de résidence de mon grand-père.
A la lecture de certains courriers, j’ai constaté que l’Administration n’était pas toujours conciliante vis-à-vis de mon grand-père. Je ne l’ai connu que 8 ans et je l’aimais bien, le temps ayant adouci son caractère. Il est décédé en 1970.
Le premier dossier n° 2510 correspondait à André (Mon père), l’adoption par la Nation ayant été prononcée le 10/10/1947 par le tribunal de Mamers. Je relevais néanmoins des erreurs, puisque par exemple, André est né le 14/08/1934 à Caen et non le 14/04/1934 à Vacognes. Son père René résidait à Vacognes chez Madame MOISSON.
Je n’ai trouvé aucune information dans le dossier concernant mon père André ; je fus très déçue face à un dossier vide. La mémoire familiale m’apprit qu’il avait été placé en orphelinat en Sarthe, mais où ? Je cherche encore.
Le second dossier n° 2511 correspondait à Gérard, l’adoption par la Nation ayant été prononcée le 10/10/1947 par le tribunal de Mamers. Je ne relève pas d’erreurs.
Il fera son apprentissage à l’Institut LEMONNIER en section Menuiserie.
Le troisième dossier n° 2515 correspondait à Daniel, l’adoption par la Nation ayant été prononcée le 10/10/1947 par le tribunal de Mamers. Je ne relève pas d’erreurs.
La consultation de ce dossier m’a permis d’en apprendre plus sur l’enfance de mes oncles, leurs parcours scolaires, leurs orientations professionnelles. Pour ce qui concerne mes tantes, c’est plus flou.
La fratrie a été dispersée, Gérard à l’Institut Don Bosco à Maretz (Nord) et Daniel chez Madame d’Aigneaux château d’Eterville (Calvados).
Mon père quant à lui a été ouvrier agricole à Vacognes avant de s’engager volontaire comme parachutiste dans la guerre d’Indochine.